Actualités

Le francoprovençal est une belle langue. Bien que ne la parlant pas , ne la comprenant pas, je reste sensible à sa musicalité lorsque les -trop rares- occasions de l'entendre se présentent. Cette langue, vulgairement surnommée patois, parlée par mes grand-parents, m'a bercée durant mon enfance. C'est pourquoi j'ai envie de la mettre à l'honneur sur ce blog. Je mettrais en ligne petit à petit les textes qu'écrivit mon grand-père Donat et que vous connaissez déjà pour les avoir lu en français.
Histoires maintes fois racontées et publiées dans la Revue Dava Rossan-na en français et en patois sous le nom d'auteur Dona Revène – Le Marmotïn – Moulïn - Péjèy

Retrouvez-les dans les archives 2015-décembre

lundi 4 juillet 2011

Notes pour la monographie de Peisey-Nancroix


Le nom de Peisey vient du mot romain « Pesetum », c'est à dire un lieu ou abondent les sapins rouges dits « épicéas ».
Nous trouvons la paroisse de la Trinité de Peisey mentionnée dans une lettre du Pape Eugène III en sa faveur ( 1145 ).
Parmi les liberarlités de Charlemagne en faveur du diocèse de Tarentaise ( 810 ) Peisey est inclus comme paroisse bénéficiaire.
Des ouvrages traitant de la dévotion mariale en France et, semblant s'appuyer sur des sources sérieuses mentionnent qu'au moment de la guerre contre les Lombards ( 753 ), Pépin le Bref inspectant les cols de montagnes et se divertissant en chassant l'ours, s'égara au lieu dit «  la Fontaine ». Il y rencontra un ermite près d'un oratoire et fit un don. Le passage de ce roi des Francs serait immortalisé par le nom de « Pépin » donné au glacier et un plateau sur le territoire de Peisey. Cet ermite devait probablement remplacer les Druides ( archives Nationales ) car notre vallée était habitée avant le Christianisme.
Toutes les hautes vallées de Tarentaise, dès qu'elles furent habitables, cultivables et exploitables, accueillirent les Centrons. Peuplade celtique, d'origine gauloise, elle avait hérité de toute la structure familiale, sociale, religieuse... et ingénieuse des Gaulois. Un historien du siècle dernier ( 19è siècle ndlr), Ducis, nous signale que Peisey était déjà un centre de travaux miniers.
Parler de Peisey et de ses mines de plomb argentifère, c'est aussi lui allier les mines de la Plagne de Macôt. D'immenses galeries, en partie éboulées et allant jusqu'à Champagny nous ont révélé, par la découverte d'outils romains, qu'elles étaient exploitées dès avant le Christianisme. L'hypothèse d'une galerie reliant la Plagne de Macôt à la mine de Peisey n'est pas à négliger ?

Si la chasse fournissait des morceaux de choix à nos ancêtres, ceux-ci vendaient du fromage, « le vatusicum » à leurs voisins. Ce fromage devait être tout simplement la Tomme actuelle ou mieux, le Beaufort. Pline, écrivain romain, mentionne ce commerce.

Le culte des eaux, de temps immémorial aux Vernettes, avant le culte de la Ste Vierge (rappelons-nous du nom Aximus : dieu de la fontaine au génie vivifiant – de là : Axima = Aime) ; la longue méfiance des évêques pendant des siècles, au moins de 443 à 1680, envers ceux qui vénèrent les fontaines ; la proximité d'un dolmen à Macôt ( lieu-dit les Frasses ), des amoncellements de pierres dans la montagne entre Peisey et Hauteville, les feux de la St Jean, tout cela d'origine celtique, sont des témoignages en faveur de l'influence druidique à Peisey. Certains autres petits détails superstitieux sont loin d'infirmer cette brève énumération.

Enfin, le dieu des forêts, Sylvain, devait être invoqué, comme le dieu Pan, dieu pastoral. Les vestiges romains de l'ancienne basilique d'Aime sont très révélateurs. En tenant compte des modifications orthographiques les très nombreux noms de familles Silvin ( à Peisey ), Sylvestre ( Canton d'Aime ) ont certainement une origine gallo-romaine !

L'influence romaine se retrouve dans deux noms : Villaret = Villa= maison de campagne, et aussi le Pont Romane à Nancroix. Il y a d'autres noms de lieux dont l'origine est latine mais ils ne suffisent pas à prouver la présence romaine.

Au Ve siècle la Tarentaise est envahie par les Burgondes, peuplade germane, et ainsi se fonde le royaume de Burgonde ayant pour capitale tantôt Lyon ou Vienne. On n'a pas de détails au point de vue local. Période bouleverséee où la Savoie est partagée entre les Francs et les Wisigoths. Comme repaires, l'influence germanique de noms dans la région : Montandry, les Auventes, Nant, Landry etc …

Les noms de Richermoz, Gontharet dont nous parlerons plus loin sont d'origine germanique. Un autre nom peut attirer plus spécialement notre attention : Villibord - comme d'autres noms ( Ougier au Ve siècle Ogier, nom franc – Coster, costergins, Costerg, nom hollandais ) - Willibrod naquit en 658 d'une famille noble anglo-saxonne. Il fut moine en Ecosse, Island et vint en Allemagne, en Italie, en Belgique et pays franc etc... Ce fut un grand itinérant. Il baptisa Pépin le Bref en 714. Il envoya des moines un peu partout pour fonder des ermitages. Comme j'ai trouvé mentionné 3 fois vers 753, la présence d'un ermite écossais près du lieu des Vernettes, on peu échafauder quelques hypothèses. St Willibrod étant mort en 739 à Rohternach ( duché du Luxembourg ) et canonisé en 75O, des moines ont peut-être fait connaître le nom de ce saint dans le pays et fut-il adopté par des personnes ? Autre hypothèse : St Willibrod ayant des frères dans l'armée franque et même des alliances familiales avec la dynastie, un membre de la famille est venu dans le pays ?

Sous le règne de Charlemagne, le diocèse de Tarentaise fut érigé ; Peisey était déjà paroisse. Elle devait être désservie par Landry, dépendant du prieuré d'Aime ou de Bellentre. L'église devait se trouver où elle est située actuellement, mais avec des dimensions bien plus modestes.
Vers 900, les Sarrazins envahissent le Piémont, la Maurienne et la Tarentaise. Les nobles, les archevêques de Maurienne et de Tarentaise et du Valais les combattent, mais en vain. La basilique d'Aime fut détruite et notre région ne fut pas épargnée. D'après une vieille tradition, une cloche de 1517, au clocher de Peisey, appelée « la Sarrasine » perpétue le souvenir de l'époque où les gens fuyant les envahisseurs se réfugiaent dans les montagnes. Enfin près de la Mine, il y aurait un cimetière sarrazin.
Pendant 40 ou 50 ans les Sarrazins occupèrent le pays. Il est possible que peu à peu ils s'assgissent et firent bon ménage avec l'habitant ! Ce n'est pas la première fois dans l'histoire. On croit même qu'ils travaillaient aussi les mines ? Ce qui est pus certain, c'est qu'ils importèrent la culture du blé noir, dit « sarrazin ».

Finalement, chassés de la Savoie, peu à peu la vie s'organisa avec plus de calme. On reprit la vie ordonnée des montagnes et, sous l'impulsion de l'archevêque de Tarentaise qui pratiquement était le grand seigneur de la région, les paroisses s'organisent. Au XIIe siècle Peisey dépendait, pour le spirituel, de l'archevêché de Tarentaise, et, pour la dîme de la maison archiépiscopale.
Dans la cour du presbytère de Peisey, le bassin a les marques très nettes d'un ancien baptistère du XIIe siècle. ( voir dictionnaire d'archéologie religieuse)

par F. Pelardy Prêtre ( juillet 1966 )

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire